16 Jun
16Jun


  Ne serait-ce qu'imaginer qu'un jour, qu'à un moment, dans un passé si présent, il en était tout autrement me provoque comme un profond vertige. 

  Un sentiment amer d’incrédulité et de perte.

  Cette nuit, aucun cauchemar , pas de rêves glaireux, bizarres, malsains, aucune trace de sang, de reproches, de l’événement. 

  Comme chaque jour je n’avais pourtant pas réussi à chasser cette appréhension à me laisser aller au sommeil et c’est défait et résigné par l’heure tardive et un abrutissement télévisuel calculé que je me rendais à mon lit non sans avoir tenté de calmer médicalement ces angoisses.       Cette nuit je revivais avec elle, Pascal et Angélique nous présentait la maison, le vieux mas qu’ils nous permettaient d’acquérir pour une somme dérisoire. 

  Vieux murs épais, bâtisse ancienne, un air modeste de fortification médiévale qu’Angélique avait fait déménagé pierre par pierre et reconstruire à l’identique du sud jusqu’à plus au nord, en Ardèche, loin du tumulte touristique.

  Seuls.

  Des portes dérobées donnant sur des souterrains ensoleillés, le vieux mobilier encore présent recélant des trésors d’antiquité qu’ Adélaïde et moi nous empressions de découvrir, fouillant avec respect les tas de vieux papiers, de vieux magasines, de vielles choses d’un autre temps, enthousiastes tout autant qu’émerveillées, amusés, heureux dans une chaleureuse pénombre réconfortante.Angélique et Pascal nous regardaient, souriant un peu à l’écart avec bienveillance.


  Depuis la terrasse surplombant la falaise des fondations, je prenais Adélaïde par la main puis la serrais contre moi, nous admirions le calme paysage des collines sauvages qui se fondait interminablement plus loin que le lointain.

  Nous devions être au début de l’automne, déjà le soleil semblait fatigué.« Je vais enfin voir l’Ardèche sous la neige! » et le temps de souffler ces mots je pris conscience des étoiles et de tout le bonheur qui de mes yeux se reflétait dans son regard.Elle était belle dans sa longue robe, ses cheveux habillant le vent doucement par petites vagues délicates. Je la pris fermement, mes mains sur ses épaules, avec tout l’amour et l’intensité du moment dont j’étais capable, là devant moi je pouvais enfin lui dire comme quelqu’un que l’on sauve de la noyade « tu l’as enfin notre maison en Ardèche ! ». 


  Je me suis réveillé, il devait être 06h, emmitouflé par ce rêve si doux, si beau. 

  J’ai tenté en m’assoupissant d’en retrouver le fil, d’y retourner, de diriger mes pensées.

  En vain.

  Ce qui est passé est passé.

  J’ai émergé vers midi, huit heures de sommeil déjà coupables, toujours habité par l’odeur de la terre, du buis, la douceur de son sourire authentique.


  Comment imaginer ?


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